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Pour la première fois, l'illusion de fumer remplace avantageusement l'empoisonnement en toute connaissance de cause. A quoi tient ce miracle ?
Pendant que le fumeur affronte seul tous les dangers du tabac, on ignore le meilleur préservatif pour sa maladie au seul motif du profit...
Les cigarettiers, après avoir vendu le poison, veulent s'accaparer du remède et développent des stratégies particulièrement élaborées de désinformation.
Les firmes pharmaceutiques revendiquent la légitimité de dégager des profits sur la vente des médicaments du sevrage tabagique (remboursés à 100 % par la sécurité sociale depuis mai 2018).
L'état tente de sortir de la contradiction de bénéficier des recettes liées à la vente de tabac, tout en restant dans sa traditionnelle frilosité.
Certains scientifiques, les acteurs de lutte contre les addictions, ceux de la cigarette électronique, se réunissent et s'efforcent de plaider que la vape est la solution alternative la plus efficace contre le tabagisme.
Le philosophe Raphaël Enthoven, lui, se dit prêt à affronter tous les dangers du plaisir de la cigarette et jette, depuis quelques années, de beaux éclairages sur le "miracle" de la ecig.
Chez CZen, on vous partage sa libre réflexion, pour ceux qui ne l'auraient déjà lue :
"Pour la première fois, l'illusion de fumer remplace avantageusement l'empoisonnement en toute connaissance de cause. A quoi tient ce miracle ?
Ce n'est pas une cigarette ; c'est mieux, c'est meilleur et pourtant c'est moins nocif. Comme une cheminée virtuelle dont les bûches d'aluminium dissimulent un allume-gaz, ou le chant d'un rossignol imaginaire qu'un gamin armé d'un sifflet serait chargé par le maître des lieux de contrefaire pour plaire à ses invités, tout est artificiel dans la cigarette électronique : le cylindre est un tube rigide, le foyer est une résistance, la combustion est imaginaire, le filtre est un dessin, la fumée est de la vapeur... Mais, à la différence de toutes les autres contrefaçons, le plaisir qu'on en retire est plus vrai que nature.
Pour la première fois depuis le début de la guerre antitabac (dont les hostilités remontent à l'interdiction, par Hitler, de la cigarette dans les lieux publics), nous sommes en présence d'un objet susceptible de transcender l'alternative entre le tabagisme qui tue et les palliatifs qui n'en guérissent pas, d'éviter le cancer du poumon sans tomber dans celui de l'hygiénisme, de ne plus mourir à petit feu sans se laisser gâcher la vie par les zélotes de la bonne santé. Pour la première fois, l'illusion de fumer remplace avantageusement l'empoisonnement en toute connaissance de cause. A quoi tient ce miracle ?
Jusqu'à présent - du patch au chewing-gum, de la pastille à la sucette - les substituts nicotiniques n'étaient qu'un détour, le remplacement d'une dépendance par une autre, moins savoureuse, une façon d'aguicher la cigarette en la boudant ou en lui tournant autour, ou d'offrir au pénitent la possibilité provisoire de rester fumeur sans fumer avant qu'il revienne immanquablement à son vice comme au premier mensonge de sa vie. Et pour cause : s'il suffisait d'être gavé de nicotine pour ne plus fumer, les palliatifs marcheraient à coup sûr.
Or, comme toute drogue, la cigarette n'est pas seulement une dépendance, fumer n'est pas uniquement un esclavage, mais aussi (d'abord ?) un plaisir, une joie, dont la positivité est irréductible au comblement d'un manque, une félicité méconnue par les "curés savants" et les médecins sans coeur qui, réduisant la cigarette à un vice et le bonheur de fumer à une addiction, sacrifient le bien-être du fumeur au Bien qu'ils lui imposent."
Nota : Le début de la guerre antitabac remonte au pape Urbain VIII (mort en 1644), ayant brandi la menace de l’excommunication contre ceux qui prisaient ou fumaient dans les églises. Le tabac a été interdit à la vente par Louis XIII et condamné par les dévots, puis intégré à la liste des produits imposables par une déclaration royale du 17 novembre 1629, sous régime douanier de 1629 à 1674 ; sous régie royale de 1674 à 1791, à l'exception d'une courte période de trois ans ; en commerce libre de 1791 à 1810 ; enfin, sous monopole au profit de la nation à partir de 1810. La première association française de lutte contre le tabagisme a été créée en 1868.
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